ANGÈLE : UN VENT DE FRAICHEUR SOUFFLE SUR LE MONDE DE LA POP

NOUS AVONS RENCONTRÉ ANGÈLE À SON ARRIVÉE AU PRINTEMPS DE BOURGES. AVEC SEULEMENT DEUX SINGLES RÉVÉLÉS AU PUBLIC, LA CHANTEUSE BELGE QUI NE CESSE DE MONTER FAIT DÉJÀ SENSATION. ENCORE INCONNUE UN AN AUPARAVANT, CELLE QUI A COMMENCÉ EN POSTANT DES VIDÉOS SUR INSTAGRAM EST AUJOURD’HUI EN TRAIN DE FAIRE LA TOURNÉE DES FESTIVALS, LE TEMPS DE FINALISER SON PREMIER ALBUM.

On vous présente souvent comme la petite dernière de la famille, vous en avez ras-le-bol de cette présentation ou finalement vous en êtes assez fière de votre famille ?

Oh non ! Je suis très fière de ma famille, et ça ne changera jamais ! Je suis effectivement la dernière, j’ai toujours été la dernière avant même d’être chanteuse donc c’est assez normal pour moi.

Qu’est-ce que cela vous apporte au quotidien ? Cela vous a-t-il nourri ? Comment avez-vous essayé de vous démarquer ?

Cela m’apporte du soutien, un soutien psychologique et une sorte de force que mes parents m’ont donnée même sans le vouloir grâce au métier qu’ils faisaient (son père est chanteur et sa mère comédienne NDLR). Le fait de les voir faire ce métier m’a donné envie de le faire, je pense, du moins indirectement. Et puis je n’ai jamais eu envie de faire du rap, cela tombait bien. Même si mon frère, Roméo Elvis, avait fait de la pop je n’aurais pas fait du rap. C’est un peu la force des choses qui fait que je ne fais pas la même chose.

La Belgique est bien représentée au Printemps de Bourges cette année, comment l’expliquez-vous ? Cela vous surprend-il ?

Alors je ne l’explique pas mais oui cela me surprend, même si je ne me rends pas du tout compte de ce que cela représente car c’est la première fois que je viens ici, que je débarque dans le monde de la musique. J’entends que nous sommes beaucoup de Belges, mais moi qui suis née en Belgique cela ne m’étonne pas d’être entourée de Belges donc pour l’instant je ne me rends pas bien compte. C’est en voyant que les gens font vraiment le lien entre les artistes belges que je réalise que nous sommes un peu une famille qui vient en France.

C’est votre première venue au Printemps de Bourges, comment découvrez-vous ce festival ? Est-ce qu’il a un intérêt particulier pour vous ?

Oui, comme toutes les dates et les festivals, enfin je ne sais pas si c’est vraiment un intérêt mais il a son importance. Bon, (rires) je suis arrivée il y a vingt minutes donc je n’ai pas encore découvert, mais oui c’est trop cool ! Nous avons commencé la tournée il y a deux semaines, je dis « nous » car nous sommes avec des musiciens depuis peu, et que ce sont des nouvelles formules que je fais : avec trois musiciens et nous n’avons fait que des salles en France et en Belgique, donc c’est une occasion de faire une plus grande salle avec notre affiche. Et je suis très contente d’être avec Eddy de Pretto et Charlotte Gainsbourg, c’est la classe quand même !

Et quelle est la présente configuration musicale ? Pourquoi l’avez-vous choisie ?

En fait, si avant il n’y avait pas de musiciens c’était une question à la fois de moyens et c’était aussi un choix pour moi, pour me tester toute seule. Et puis c’était l’époque où j’étais vraiment toute seule à faire les chansons. J’ai travaillé avec un producteur avec qui nous avons reproduit toutes les démos que j’avais mais je me suis assez vite rendue compte, en faisant les premières parties, que c’était très cool d’être toute seule pour je pense l’image et pour montrer que tu sais le faire. Mais ça a ses limites parce que j’ai eu l’habitude des musiciens avant, quand j’étudiais, et cela me manquait, j’avais envie d’avoir un vrai batteur, qui jouait avec des vraies batteries plutôt que d’avoir une bande qui tournait et que je ne jouais pas moi-même. Et puisque je ne peux pas tout jouer, je délègue et ce sont trois musiciens assez bons en plus donc je suis super contente.

LA SCÈNE EST UNE MANIÈRE DE TESTER LES CHANSONS, DE VOIR SI ELLES FONCTIONNENT

Justement, vous dites que partager la scène avec Eddy de Pretto et Charlotte Gainsbourg « c’est la classe », mais du coup est-ce que vous avez  peur de monter sur scène ou pas du tout ?

Oui ! Parce que pour avoir eu plein d’expériences différentes sur scène, je me rends compte que c’est un luxe, enfin c’est censé être logique mais pour l’instant la majorité des concerts que j’ai faits c’était en première partie, ou des événements, des petits festivals et c’est vrai que le fait de remplir des salles à mon nom c’est un luxe. T’arrives t’es attendue, t’arrives et très fortement applaudie, t’arrives et les gens sont là. Et surtout pour moi qui n’ai que deux chansons connues, tenir une heure sur scène avec des gens qui ne connaissent pas tes chansons, ça peut être compliqué. Et là je respire parce que je suis face à un public qui est venu pour ça. C’est vrai que les premières parties ou là, dans le cadre d’un festival c’est un peu plus un challenge parce que je pense qu’il y a une grande majorité du public qu’il va falloir « séduire », qui ne sera en tout cas pas venue spécialement pour moi. Mais c’est aussi une super expérience. Dans mon cas c’est aussi une manière de tester les chansons avec un public qui est venu pour me voir, mais c’est aussi bien de les tester avec un public qui ne me connaît pas et de voir comment cela fonctionne.

Quels sont vos principaux modèles en musique ? Des artistes dont vous vous êtes dit « quand je serai à son niveau, je serai arrivée quelque part » ?

Il y a plein d’artistes aujourd’hui que je respecte, autant pour leur musique et leur image, que dans leur manière de travailler. Maintenant je sais qu’il y a vraiment des modèles, mais je dirais plus musicaux. Alors cela fait un peu cliché mais j’ai beaucoup écouté Ella Fitzgerald, et c’est en l’écoutant que je me suis vraiment écoutée moi, je chantais par-dessus sa voix dans les CDs, et que j’ai réalisé que j’aimais vraiment bien chanté. Et je crois qu’Ella Fitzgerald a été vraiment importante pour moi. Après quand j’ai étudié elle a toujours été la référence, même si je n’ai malheureusement pas sa voix. Je pense qu’il y a un côté un peu jazzy… Quelque part je me suis inspirée de sa manière de chanter, je pense, c’est un peu présomptueux de dire ça mais je me suis inspirée, je ne dis pas que je lui ressemble (rires).

Et quels sont tes projets pour l’avenir ?

Il y a un album qui est en train de se préparer, il y a une première partie de la tournée qui a été faite, jusqu’ici, depuis donc quelques semaines. Le mois de mai sera vraiment la finalisation de l’album, qui est quasiment fini mais que je dois encore peaufiner. Et cet été il y a les festivals. Mais quand l’album sortira je me sentirai mieux.

Qui va réaliser l’album ?

L’album c’est moi qui le réalise avec Tristan Salavati, un producteur et réalisateur qui a fait plein d’albums et également beaucoup de variété. Il est quelqu’un d’assez incroyable parce que je l’ai rencontré à un moment où j’avais un peu abandonné l’idée de travailler avec un producteur. En fait, on s’est un peu rencontrés par hasard. Il était venu à Bruxelles, on a eu un bon feeling et je suis venue faire un essai en studio. Donc j’arrive chez lui, je lui montre mes démos, et il arrive à savoir assez vite où je veux aller même si ce n’a pas exactement la forme que cela devrait avoir. J’ai compris que c’était quelqu’un de super important parce qu’il a cet avantage de ne pas avoir trop d’ego et donc d’être à l’écoute. Il arrive toujours à mettre de sa patte, sans non plus vouloir tout changer et mettre de sa musique à lui. C’est une chance d’avoir quelqu’un comme lui dans un projet !

Et vous arrivez facilement à lui dire ce que vous voulez ?

Oui parce que cela va faire un an que l’on se connaît, que l’on se côtoie beaucoup. Ce qui est fou c’est que le premier morceau que nous avons travaillé ensemble c’est « Je veux tes yeux », et puisque la démo était assez avancée, il suffisait juste de changer quelques sons, c’était un son de caisse-clair, un son de kick, un son de basse, changer un peu la voix… Et sur cette base nous avons même composé des chansons ensemble, et je crois qu’il a complètement capté mon univers. Nous parlons également de musique, nous avons les mêmes références donc je crois qu’il a compris où je voulais aller. Mais la couleur qu’aura l’album, je ne m’attendais pas à l’obtenir si facilement…

MON ALBUM PARLE DE TOUT CE QUI M’ARRIVE, DE TOUT CE QUI ME TOUCHE, DE MA GÉNÉRATION

Du coup où vouliez-vous aller ? Quelle est la couleur de cet album ?

La couleur de l’album sera des chansons, parce que j’y consacre beaucoup d’importance. J’écoute beaucoup de musique électronique et beaucoup d’albums qui sont très bien produits. Même si les époques peuvent faire que les prods vieillissent mal, ce qui reste ce sont toujours les chansons et que si la chanson fonctionne piano-voix, je suis déjà rassurée. Ensuite, c’est plutôt en français, il y a quelques parties en anglais mais c’est quand même principalement du français. Cela parle de ma vie de tous les jours, ce sont plutôt les sujets légers de la petite vie d’Angèle qui n’a pas encore vécu de grandes choses dans la vie mais voilà, je parle de tout ce qui m’arrive, de tout ce qui me touche, de ma génération. Et je dirais que les couleurs c’est très clavier, plutôt électro-pop mais tout de même avec beaucoup d’éléments.

Qu’est-ce que vous attendez de votre nouvel album ? Qu’attendez-vous que les gens ressentent en l’écoutant ? Voulez-vous qu’ils aient une émotion particulière ?

C’est un peu comme ça que je suis mais, j’ai l’impression de me lancer des fleurs, j’aime bien être dans quelque chose de positif donc assez coloré. Je pense que l’album sera plutôt coloré et frais, c’est l’idée. J’ai aussi écrit quelques chansons d’amour un peu fleur bleue. Donc je crois qu’il y aura un peu de tout, des chansons un peu plus jazzy, des chansons très pop plutôt comme « La Loi de Murphy », et puis il y aura des chansons un peu plus posées piano-voix. J’avais envie d’avoir tout ce que je fais dans l’album, ne pas mettre de côté les piano-voix que j’ai toujours faits.

Vous préférez chanter en français ou en anglais ? Vous faites un peu les deux.

Oui. Je ne sais pas, je crois que je préfère chanter en français parce que je préfère chanter dans ma langue, et que je parle beaucoup mieux le français que l’anglais. Mais l’anglais a l’avantage d’être une langue qui sonne extrêmement bien et qui permet de dire beaucoup de choses en peu de mots. On peut parler avec des images, on peut parler avec des métaphores, on peut dire des mots très simples, comme c’est le cas dans « La Loi de Murphy » où finalement ce que je dis dans mon refrain ne marcherait pas en français. Du moins je pense. Et là où le français est plus frontal, on est obligé d’y aller de manière beaucoup plus directe en fait, je n’arrive pas à utiliser la langue française sans utiliser les mots de mon quotidien et sans raconter mon histoire. Je pense que je pourrais raconter n’importe quoi en anglais, ce qui n’est pas le cas en français.

Un mot justement sur « La Loi de Murphy ». Cela a explosé soudainement, on ne s’y attendait pas forcément. Est-ce que ça vous a surpris ?  Vous voyez au jour le jour le nombre de vues qui explose ?

Oui, ca m’a surpris ! Et c’est seulement en comparant mes vues avec celles d’autres artistes que je me disais « Ah ouais, ok, c’est beaucoup! » Et même encore aujourd’hui. Mais le nombre de vues c’est assez abstrait en fait, on ne s’en rend pas compte. Ce qui change c’est plus le fait de remplir des salles ! Là, le fait que depuis deux semaines nous remplissons des salles en Belgique et en France, je trouve ça complètement fou. Je n’arrive pas à croire que c’est réel. Et puis ce sont des salles que j’ai faites avec Damso, et en première partie. Je ne pensais pas que quelques mois plus tard je les remplirais toute seule. C’est vraiment cela qui est incroyable. C’est là que l’on se rend vraiment compte que ouais, les 6 millions (maintenant 8 millions de vues NDLR) de vues ils sont vrais.

Vous préférez être en studio ou en concert ?

Franchement là je n’ai pas envie d’être en studio, mais quand je suis en studio je n’ai pas envie d’être en concert ! Ce sont deux choses différentes. Le studio a le truc où, quand ça se passe bien et qu’il y a un truc qui naît, c’est une sensation qui n’existe pas ailleurs dans ma vie, ce truc où il y a vraiment de la création et que je me rends compte que l’on tient quelque chose, il n’y a rien de plus excitant. Et puis je me projette, je pense directement au clip, et puis je pense au visuel et je suis surexcitée. Mais la scène j’adore ça. Je pense que j’ai fait ce métier pour la scène avant tout, vraiment.

Tu vis avec ta génération puisque tu es assez active sur les réseaux sociaux. Quel est ton rapport à ça, notamment avec Instagram ?

Je pense que c’est ce qui fait que je suis ici aujourd’hui. Tout a commencé avec Instagram : j’ai commencé à faire des petites vidéos il y a trois ans maintenant. Et puis Instagram c’est vraiment LE réseau principal qui regroupe tout le monde en fait. Et je me rends compte que les gens en-dessous de mon âge n’ont plus Facebook, Facebook c’est has-been maintenant. En fait Instagram c’était pendant très longtemps mon seul moyen de communication, et c’était hyper intéressant parce que je pouvais faire ce que je voulais, je pouvais décider de poster une idée de vidéo où je chantais du Lily Allen en disant « fuck you », sans que cela ne dérange personne, je pouvais me moquer d’un chanteur et que cela ne dérange personne, je pouvais poster une photo un peu plus engagée. Je pouvais dire ce que je voulais, et c’est toujours le cas. Instagram c’est vraiment un outil super intéressant. Après je pense qu’il a ses dangers parce qu’il y a toujours le côté narcissique, égocentrique qui est banalisé, mais ça je crois que cela fait partie de notre époque. Le tout est de savoir vivre avec, savoir en parler, comprendre ce qu’il se passe, jusqu’où on peut aller dans le narcissisme.

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J’ESSAYE DE FAIRE PASSER LES MEILLEURS MESSAGES DANS MES CHANSONS

Et est-ce qu’il y a des choses dans lesquelles tu voudrais t’engager ?

J’avoue que moi ça me gêne de prendre la parole pour d’autres personnes donc je pense qu’en tant qu’artiste, tant que je suis chanteuse, je resterai chanteuse parce c’est là que les gens m’attendent : mon métier c’est de faire de la musique. Après, par exemple, vous parliez de féminisme tout à l’heure, et c’est vrai que pour le coup, ce n’était pas vraiment un engagement de ma part, pas une cause que je voulais absolument combattre en tant que chanteuse. Mais avec Charlotte j’ai reçu ce t-shirt avec un message écrit disant que les femmes ont besoin de plus de sommeil que les hommes parce que c’est plus fatigant de combattre un monde qui règne sous le patriarcat. Un truc du genre, en anglais. En fait ce t-shirt a été super relayé, a plu, ç’a été un peu LA photo et du coup je me suis dit « OK, d’accord ! ». Et Charlotte me demandait si je n’avais pas peur de parler de ça, parler de féminisme, encore moins aujourd’hui alors que c’est quelque chose qui a été complètement banalisé, qui a été écouté, mais prendre la parole, ou en tout cas militer c’est moins mon domaine parce que chacun son métier. Mais l’avantage c’est que lorsque l’on commence à être connu, on peut commencer à faire passer des messages, du moins j’essaie de faire passer les meilleurs messages dans mes chansons.

Propos recueillis par Eléna Pougin, Ninon Soulié, Clara Hampe & Zoé Gazerian lors du Printemps de Bourges.

Remerciement à Alizée Michaud et Fatma Kebe pour la retranscription 😉

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