HollySiz ou Cécile Cassel ?

L’artiste Cécile Cassel nous a rencontré il y a quelques mois pour une interview en tant que chanteuse, sous le pseudonyme d’Hollysiz. Artiste à plusieurs facettes, cette dernière jouait au Printemps de Bourges au mois d’avril. Occasion pour nous d’apprendre à la connaître et de vous la faire découvrir.

Combien de temps vous a pris la confection de l’album ?

La conception de l’album en lui-mêm c’est difficile de la placer dans le temps, parce que par exemple le titre « Rather than Talking » je l’ai composé à la fin du studio de mon premier album, mais il m’aura fallu 4 ans pour que je trouve le texte, que je lui donne un sens et qu’il s’immisce dans ce nouvel opus. Je dirais que finalement, un deuxième album ça se commence dès que le premier est sorti, on pense déjà à la suite, et on espère pouvoir recommencer de nouveau. Disons qu’il m’a fallu plus ou moins deux ans et demi d’écriture. En ce qui concerne le live, déjà au studio j’y pensais sur certains titres dans mon envie de production et dans leurs arrangements. Les chansons sont vivantes, j’aime les réadapter pour les concerts, leur offrir une seconde vie. Je suis pas toujours avec mon équipe de musiciens donc parfois je fais du piano/voix et je crée des versions qui n’existeront qu’en live.

Comment s’est passé la rencontre avec Luke de The Rapture ? Qu’est-ce qu’il a apporté à l’album, quelle est sa « touch » ?

Notre rencontre était privée au départit avait un feat sur un titre d’un artiste que je connaissais suite à des amis communs. Ma meilleure amie a fait en sorte qu’on se rencontre à New York, et j’ai eu beaucoup de mal à le contacter car j’étais bloquée par cette admiration que j’avais pour lui. Luke Jenner est très généreux de son temps, on a beaucoup traîné ensemble. Un jour, il m’a fait écouté son album en studio, ce qui a ouvert la porte sur ce sujet et je lui ai demandé si je pouvais lui faire lire les textes. Lui, directement, m’a dit que je devrais venir avec lui au studio pour enregistrer, notamment sur Love is a Temple, il m’a poussé hors de ma zone de confort. J’ai été obligé d’être plus honnête, plus crue et c’est comme ça qu’est venue I Will qu’on a écrite à quatre mains où il chante lui aussi. C’était une rencontre décisive dans ma vie de femme mais aussi dans ma vie d’artiste. Il m’a beaucoup bousculé.

L’atmosphère de New York vous a t-elle stimulé elle aussi ? Qu’est ce qui est New Yorkais dans l’album ?

Je pense que tout l’album a été influencé par ma vie là-bas et qu’il est très différent de ce que j’aurais pu réaliser en France. 95% des gens à New York sont artistes, scénaristes, musiciens donc d’un coup il a fallu que je redéfinisse qui j’étais, ce que je faisais et ce que j’étais pour les gens. Tout ce que j’ai vu, mes rencontres, les concerts, l’école de danse que j’ai fréquenté, la rigueur de travail et la vie anonyme dans une ville où je ne connaissais personne, ça m’a fait mûrir. Je me suis mise à réécouter des anciens titres que je n’aurais sûrement pas réécouté si j’étais restée à Paris. Cuba a d’ailleurs aussi beaucoup nourri mon album et je pense que ces deux voyages ont profondément marqué ma vie artistique.

Quels sont ces titres ?

Lauryn Hill, Miseducation ; Sergio Mendez Brasileiro, les premiers Mickael Jackson, LC SoundSystem, la scène New Yorkaise du début des années 2000 et évidemment The Rapture !

J’ai l’impression que ton album est très engagé, qu’est-ce qui te révolte aujourd’hui en 2018 ?

Il y a je pense un engagement physique dans tout ce que je fais depuis longtemps déjà… Là, il s’avère que cet album s’ouvre avec un titre qui a fait écho avec l’actualité mais que j’avais déjà écrit un an auparavant, qui s’appelle Unlimited et qui parle d’être une femme aujourd’hui, de ce qu’on sentait arriver puisque la chanson se ferme en disant qu’on est que quelques gouttes mais que bientôt on sera un océan à ouvrir nos voix et à nous sentir sans limites. Je l’ai écrite pendant la marche de la femme aux Etats-Unis, j’y étais, et Donald Trump venait d’être élu président alors qu’on retrouvait des enregistrements de lui totalement sexistes alors ça m’a beaucoup choqué de voir que de nombreuses femmes avaient voté pour lui. Moi j’ai écrit car je me suis sentie atteinte dans mon intégrité de femme. Je ne l’ai pas écrite contre lui mais simplement pour dire qu’on pourrait toutes élever nos voix et pour rappeler que rien n’est impossible pour une femme. L’album est finalement sorti en plein milieu de #Metoo et je me sens être une citoyenne très engagée, donc en parlant de ce que je ressentais moi, je suis heureuse d’avoir vu que ça avait un écho.

Les chansons sont vivantes, j’aime les réadapter pour les concerts, leur offrir une seconde vie.

Est-ce que du coup, en parlant d’engagement, tu pourrais nous parler de l’association Jonquille pour Curie, dont tu es la marraine ?

Avec plaisir ! Merci de poser cette question ! Il y a presque 10 ans, j’ai été contacté par l’institut Marie Curie, dans la recherche pour le cancer, et celui des femmes notamment. Ils m’ont appelé pour faire une vente des enchères, afin de savoir si je voulais bien donner un costume d’un de mes films à l’époque. Je suis allée à l’évènement et finalement la personne qui devait faire la vente les a planté et je me suis proposée de faire monter les enchères. Ça a bien marché et ils m’ont proposé d’être la marraine et d’essayer de récolter des fonds pour la recherche et donc tous les mois de mars, il y a cette opération « Une jonquille pour Curie » et cette année c’est pour l’ouverture d’un service adolescents et jeunes adultes dans lequel les médecins et chercheurs seront jumelés dans un même endroit car souvent les informations ont du mal à circuler.

Vous aviez ouvert le concert d’Indochine au Stade de France, retour sur cette expérience ?

Expérience trempée (rires), il pleuvait ce jour-là, mais je suis toujours surprise par les invitations de Nicolas Sirkis et son équipe. Le Stade de France, c’est grâce à une émission qu’on a fait ensemble, et on a enchaîné les coïncidences alors il s’est un peu intéressé à ce que je faisais et entre temps il s’est arrangé pour nous proposer une date en commun. Il a un public assez extraordinaire, pour sa fidélité mais aussi parce que ses fans sont revenus nous voir après aux festivals d’été et nous dire qu’ils nous avaient rencontré là-bas.

Qu’est-ce que tu tires de la première tournée ?

Ça oblige à lâcher prise, car moi qui suis très perfectionniste, qui aime que l’éclairage tombe à un endroit précis, j’ai du souvent faire des concessions et c’était un véritable challenge. C’est recréer sur le vif tous les soirs et ça permet vraiment de ne jamais s’ennuyer. Il va falloir fédérer des gens aussi, c’est ça qu’on comprend car pour certains on était juste des artistes pour faire passer le temps en attendant les prochains artistes de la programmation. Je me rappellerais toujours la première fois que les gens ont payé pour voir le projet HollySiz à Caen. J’aime beaucoup passer du temps à aller à leur rencontre notamment à la fin des concerts.

Tu pourrais arrêter tout ça ? Le contact avec les gens ?

Ça me coûte beaucoup d’énergie mais ça m’apporte beaucoup de rencontrer les gens après chaque concert au Merchandising. J’adore savoir qui m’écoute et qui vient voir ce qu’on fait. D’ailleurs c’est nous qui créons les objets du merchandising, c’est nous qui les pensons !

Est-ce que ton travail d’actrice t’a aidé sur scène ?

Je vois un lien entre la danse que j’ai beaucoup pratiqué, mon travail d’actrice et ma formation de musicienne, car d’avoir déjà été sur le plateau, ça m’a permis de savoir occuper l’espace. Jusqu’à maintenant, j’avais interprété les mots des autres en étant quelqu’un d’autre en faisant du cinéma, maintenant ce sont mes propres mots, alors je suis un peu à poil, comme mise à nu. Le cinéma ça m’a aussi aidé pour la diction et pour les interviews également.

Est-ce que tu as deux signatures du coup ? Une pour l’actrice, l’autre pour la chanteuse ?

Oui ! Je commence à reconnaître qui vient me voir pour quoi donc ça va mieux mais au début, certains étaient déçus car je me trompais, les gens voulaient HollySiz et je signais Cécile Cassel.

On t’associe parfois avec Blondie, qu’en penses-tu ?

Dans le second c’est plus difficile, mais dans le premier, je vois la ressemblance bien que cela a été fait totalement inconsciemment. Je vois des photos de Blondie et de moi et je vois que nos looks se ressemblent. Moi mon idole d’enfance c’était Madonna…. et Marilyn Monroe… Donc je n’y pensais même pas au début ! Mais en y réfléchissant j’entends qu’on ait pu retrouver des similitudes avec Blondie dans le premier album mais dans le second je pense m’en être écartée. Mes influences ont évolué.

À qui souhaiterais-tu faire écouter ton album, mort ou vivant ?

Vivant : Stevie Wonder mais mort : Mickaël Jackson dont je suis réellement et profondément fan, il était tellement en avance sur son temps, j’en reste impressionné. Il est un des premiers à avoir mis de la soul dans la pop et avoir mélangé autant de genres.

On t’a déjà proposé de jouer dans une comédie musicale ?

J’ai déjà fait un film (pas terrible) en comédie musicale. J’adorerais le refaire, je rêve de certains rôles mais c’est pas facile de conjuguer les deux.

Moi j’ai écrit car je me suis sentie atteinte dans mon intégrité de femme.

Des dates où tu te sens plus à la maison, un peu comme dans des chaussons ?

À Paris, je suis chez moi, mais je vous rassure à l’Olympia je n’y vais pas en chaussons, c’est beaucoup de pression. Après, il y a des petits festivals où j’ai l’habitude de jouer et c’est fantastique ! Lille aussi, c’est un public très chaleureux grâce auquel je me sens très à l’aise !

Pas mal de temps s’est écoulé depuis Rather than Talking, comment faire pour que le public soit toujours aussi enthousiaste ?

J’ai voulu m’éloigner de ces questionnements pour savoir ce qui plairait ou non, je voulais jouer ce que j’aimais et ces voyages m’ont vraiment ouvert l’esprit et permis de savoir ce que je voulais vraiment faire de mon identité musicale. Faire ce qu’on aime, c’est la clé ! Pas savoir ce qui se fait et faire ma musique comme j’en avais envie sans coller à l’actualité, c’était génial pour ne pas perdre de mon essence. Je suis ravie que les gens accueillent bien le projet !

Propos recueillis par Eléna Pougin

Image : OLIVIER LEJEUNE

 

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